Connaître le secret : entretenir, réparer, restaurer

Balcon

Ces trois mots résument toute la philosophie de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine architectural. C’est ce qu’il faut retenir et c’est ce que nous reprendrons tout au long des articles qui suivent.

Un immeuble est composé de différents éléments constitutifs eux-mêmes formés de multiples matériaux. Certains de ces matériaux sont fragiles et leur durée de vie varie selon leur nature. Le bois, par exemple, nécessitera d’être traité ou peint pour gagner en longévité. D’autres, comme la pierre ou l’ardoise, sont des matériaux relativement inaltérables et leur durée de vie sera davantage affectée par des chocs ou des dommages que par l’usure ou la pourriture. Vous aurez compris qu’il faudra donc, pour assurer le bon entretien de votre maison, vous intéresser tout spécialement aux éléments les plus faibles de l’ensemble. Théoriquement, un édifice peut traverser le temps s’il est bien entretenu. Les anciennes maisons québécoises, et a fortiori les maisons médiévales européennes, en sont des exemples vivants.

ENTRETENIR

Les boiseries extérieures, les métaux ouvrés et la tôlerie des toits doivent faire l’objet d’une attention particulière et être protégés contre leur ennemi mortel : l’eau. Pour cela, il faut bien
sûr les peindre régulièrement afin de ne pas laisser s’installer de rouille ou de pourriture. Bien peintes, bien protégées, les fenêtres et portes d’origine en bois fonctionneront encore
longtemps, les magnifiques corniches de tôle galvanisée continueront de coiffer les belles façades et les métaux ouvrés des balustrades et escaliers brilleront au soleil pendant
des décennies. Dans un monde idéal, les propriétaires successifs de la maison auraient assuré cet entretien au fil du temps. Si cela n’a pas été le cas, certains éléments montreront
sans aucun doute des signes de vieillesse et de détérioration. Cependant, avant de songer à les remplacer, il faut se rappeler la deuxième phase de notre approche : réparer.

RÉPARER

La très grande majorité des éléments composant un édifice ancien sont réparables puisqu’ils sont constitués de matériaux auxquels on peut apporter des corrections. Par exemple, une partie pourrie ou abîmée d’un cadre de fenêtre peut être remplacée par une pièce de bois sain. Cela vous évitera d’avoir à changer la fenêtre. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que, du point de vue esthétique, il est parfois difficile de ne changer qu’une seule fenêtre et que, si la réparation n’est pas entreprise à temps, vous pourriez n’avoir d’autre choix que de tout remplacer.
Une négligence dans l’entretien, qui peut sembler anodine au départ, se transforme parfois en un gros chantier, avec des travaux fort onéreux que l’on aurait pu s’épargner en
prenant simplement la peine d’examiner les options de réparation envisageables. Bien sûr, il n’est pas toujours possible de réparer et il faut alors se résigner à remplacer l’élément irrémédiablement abîmé.

RESTAURER

Le remplacement d’éléments architecturaux d’une façade patrimoniale est toujours une entreprise hasardeuse. Il vaut toujours mieux remplacer l’élément abîmé par un élément identique. Le modèle original de fenêtre, de porte ou de boiserie décorative fait partie d’un tout qui donne son caractère distinctif à la façade. Ajoutez un élément disparate et vous venez de détruire l’harmonie de l’ensemble. Si le choix du modèle d’origine est impossible ou simplement trop coûteux, il faut alors trouver un modèle de remplacement qui s’en rapproche le plus possible. Si les éléments que vous avez à remplacer n’étaient pas d’origine, il faudrait examiner les façades plus anciennes des maisons voisines semblables pour tenter de retrouver ce modèle authentique. Et maintenant, à vos grattoirs et vos pinceaux pour amorcer l’entretien de votre maison!