Marc Gagnon – L’artiste/artisan/mécène de l’artiste…
Au fil des dernières décennies, Marc Gagnon, artiste/artisan, aura laissé sa griffe un peu partout au Québec, aussi bien à travers les restaurations réalisées par son entreprise La Belle Corniche et Fils que grâce à ses projets artistiques personnels. Il prendra sa retraite l’année prochaine après d’innombrables chantiers et plus d’une quarantaine de manifestations artistiques en tous genres
D’abord artiste en arts visuels, bachelier en sculpture de l’Université du Québec à Chicoutimi et lauréat de pas moins de 16 bourses du Conseil des arts (Québec et Canada), Marc Gagnon aura réalisé plus d’une quarantaine de créations artistiques, expositions ou performances in situ au cours de sa carrière.
C’est en 2001 qu’il fonde La Belle Corniche et Fils inc. Son intérêt pour l’architecture, principalement l’architecture coloniale, l’incite à se spécialiser dans la rénovation de bâtiments patrimoniaux. En tant qu’entrepreneur spécialisé, il reçoit en 2008 le prix de l’artisan de l’Opération patrimoine architectural de la Ville de Montréal et en 2010 un autre prix municipal octroyé pour la rénovation d’un bâtiment dans la catégorie commerciale.
Se définissant comme un artiste entrepreneur, il a toujours su mettre à profit ses ressources dans le domaine de la construction et, si nécessaire, l’expertise de ses différents complices afin de réaliser, la saison estivale venue, un projet artistique jouxtant ou s’intégrant à l’une de ses restaurations patrimoniales.
« Dans mon cas, l’entrepreneur, en plus d’être mécène de l’artiste, est donc aussi à son service, précise-t-il. Cette vie relativement en retrait du circuit artistique habituel m’a permis de m’abandonner à une démarche, que d’aucuns qualifieraient de ‘‘chaotique’’, mais qui m’a donné toute la liberté d’explorer des médiums multiples dans les lieux les plus divers et inattendus. »
En 1994-95, à Sainte-Marie-de-Monnoir, Marc Gagnon réalise la première « chirurgie plastique » sur un orme mort d’une hauteur de 24 mètres. Délicate, l’intervention consiste à lui greffer des milliers de feuilles de plastique découpées dans des contenants d’assouplissants recyclés. L’oeuvre insolite suscite alors une controverse alimentée par une vaste couverture médiatique. Elle attire l’attention des automobilistes au point que le ministère des Transports pense faire abattre l’arbre au nom de la sécurité routière. Finalement, ce sont les vents de l’automne qui en viendront à bout.
En 2004-05, il crée, avec l’aide de l’Atelier L’Établi, « La beauté du mort », à la Maison de la culture Ahuntsic, une maison traditionnelle québécoise grandeur nature et son décor suranné, le tout entièrement construit à partir de quelque 1 500 toiles d’artistes « du dimanche ».
Son prochain projet hors normes, intitulé sans surprise « Artiste/Artisan », consistera à déposer cet été une oeuvre devant un bâtiment patrimonial montréalais. On ne pourra en parler que le jour J… À suivre.