360, rue Saint-Jacques
Banque Royale

Concepteurs : les architectes York & Sawyer

HISTOIRE
Historiquement, la Banque Royale du Canada avait son siège social à Halifax. En 1907, elle décide de déménager à Montréal sur la rue Saint-Jacques. Ayant besoin de plus d’espace, elle commande un édifice plus spacieux aux architectes new-yorkais York & Sawyer, une firme spécialisée dans l’architecture bancaire qui s’associe à S.G. Davenport, l’architecte attitré de la banque. Entre 1920 et 1926, cette expansion de la Banque Royale mène à l’achat de tous les immeubles du quadrilatère compris entre les rues Saint-Jacques, Saint-Pierre, Notre-Dame et Dollard. Érigé entre 1926 et 1928, l’édifice de la Banque Royale devient le gratte-ciel le plus élevé de l’Empire britannique. Il est en outre équipé de salle de repos, fumoir, salles de réunions et de réceptions, infirmerie, salles à manger et cafétéria. Les bureaux des services administratifs et la salle des guichets occupent les cinq premiers étages de l’édifice tandis que les chambres fortes sont installées au sous-sol. Différentes compagnies canadiennes et américaines occupent la tour de la banque. En 1962, la Banque Royale se déplace vers la place Ville-Marie tout en gardant sa succursale de la rue Saint-Jacques.

Référence : www.vieux.montreal.qc.ca

ARCHITECTURE
Banque Royale
360, rue Saint-Jacques

La Banque Royale se dresse rue Saint-Jacques sur un îlot entier de forme presque carrée au cœur de l’ancien centre d’affaires canadien. Ce gratte-ciel de 22 étages possède une structure d’acier et est recouvert de calcaire gris – la partie inférieure en calcaire de Queenston, Ontario, a pris une teinte chamois au fil du temps. L’édifice, le plus haut de la ville en 1928, se distingue par des retraits imposés par la règlementation visant les édifices de plus de dix étages.


Vu de la rue, l’édifice présente trois grandes divisions, soit le puissant socle, la partie médiane de la tour et les pilastres au sommet de cette dernière – le bloc du sommet est trop en retrait pour être vu. Ces divisions et les détails du traitement architectural soulignent bien peu la hauteur de l’édifice. Le revêtement crée même une fausse impression de murs porteurs massifs qui masque la présence d’une ossature d’acier. Ce gratte-ciel à l’américaine, moderne par sa structure et ses équipements, est revêtu d’une enveloppe de pierre dont la composition rappelle divers passés lointains. Le socle réfère à trois influences stylistiques. En premier lieu, sa forme même et ses trois hautes ouvertures en plein cintre évoquent les palais florentins de la Renaissance. En deuxième lieu, les extrados brisés de ces arcs, d’esprit gothique, rappellent l’époque médiévale de Florence. Enfin, au sommet du socle, la colonnade d’esprit néoclassique évoque l’Antiquité romaine, tout comme les pilastres au sommet de la partie médiane de la tour, par ailleurs plus dépouillée que le socle. Cet historicisme éclectique savant, qui résulte de la combinaison d’éléments inspirés de différentes époques de référence, est l’une des approches architecturales en vogue dans les centres-villes nord-américains des années 1920.



La tour apparaît plus simplement comme un immeuble de bureaux locatif posé sur une banque. L’entrée monumentale unique en façade principale (il y a une entrée secondaire rue Notre-Dame) contribue à annoncer clairement un siège social et donne même l’impression que tout l’édifice sert à la banque. Ce portail contribue par ailleurs à l’image de prestige dont bénéficient tout autant les bureaux logeant dans la tour.

Éléments décoratifs extérieurs significatifs
Les clefs des petites ouvertures rectangulaires au niveau de la rue représentent des personnages, dont un Mercure (Hermès chez les Grecs), patron du commerce. Les deux tambours en bronze du grand portail d’entrée sont surmontés de griffons, bêtes mythiques ayant traversé les âges, qui soutiennent le monogramme de la banque. L’encadrement des portes, en marbre de Levanto, est orné de motifs décoratifs en bronze représentant des pièces de monnaie canadiennes et britanniques; l’ensemble est surmonté par les armoiries du Royaume-Uni également adoptées par le Canada. Plus haut sur l’immeuble, les blasons des provinces canadiennes, sculptés en bas-relief dans la pierre, cernent la colonnade aux angles de l’édifice.

Référence : Ville de Montréal, grand répertoire Inventaire, fiche bâtiment.